Catégorie : tourisme

41 hectares de tombeaux

Le cimetière Père Lachaise, qui se situe dans le 20ème arrondissement est le cimetière le plus visité au monde, étant le lieu de repos de nombreux Parisiens célèbres et d'autres habitants de la capitale.

Le cimetière fut crée en 1804 par Nicolas Frouchet, le préfet des districts de la Seine, pour résoudre le problème de surpopulation des cimetières de Paris après la Révolution. Pour populariser le site, Frouchet persuada les autorités de transférer les restes de Français célèbres vers ce nouveau cimetière. Les tout premiers furent ceux des écrivains La Fontaine et Molière, ainsi que les aimants Héloïse et Abelard, dont l'histoire est paraît-il légendaire.

Tombeau de Molière et La fontaine

Rapidement, le cimetière fut l'endroit à la mode pour les enterrements, et riches et célèbres se promettèrent d'y être enterrés. L'idée de Frouchet marcha si bien qu'il put revendre une petite concession au propriétaire originel à plusieurs fois le montant initial.

Etant un cimetière civil, par opposition à ceux rattachés à une église, les personnes les plus riches pouvaient ériger n'importe quel monument qui correspondaient à leurs goûts, et les lieux sont remplis de grands monolithes et d'obélisques, de chapelles privés et de grands mausolées. Les tombeaux les plus récents semblent par contre beaucoup moins extravagants. On trouve beaucoup de constructions en ruines, apparentées à des familles disparues, mais beaucoup sont aussi soigneusement entretenues. L'impact émotionnel du cimetière est très fort quand on se trouve en face de tombeaux neufs et bien décorés, contrastant avec leurs voisins en ruines et plus ou moins défoncés, avec leur vitrail cassé et un intérieur recouvert de toiles d'araignées.

Le cimetière est divisé en 97 divisions, et à l'intérieur de ses murs sont enterrés non seulement les riches, dont la plupart sont maintenant oubliés ou consignés dans les archives les plus obscures de l'histoire prouvant ainsi la futilité de l'argent, mais aussi un assortissement varié des plus célèbres et parfois d'autres plus inconnus.

Je me suis arrêté au tombeau d'Oscar Wilde (89ème), de style résolument néo-babylonien : regardez les photos pour vous faire une idée.

De nombreux admirateurs et surtout admiratrices viennent pour contempler le tombeau, comme le montre les innombrables traces de rouges à lèvres sur la façade blanche de la sculpture. Malheureusement, la sculpture fut vandalisée et le pénis proéminent disparut. Je ne peux m'empêcher de penser que Wilde aurait eu le sourire aux lèvres en constatant cela… L'un des seuls regrets est sûrement le design réalisé par l'architecte.

Le tombeau de Jim Morrison (6ème division), du groupe The Doors (merci Guilll pour la précision), est surveillé en permanence.

On trouve entre autres sur le tombeau des poèmes dans toutes les langues, des déclarations d'amour, des bougies, des fleurs, des joints, et signe des temps, des tracts dénonçant la guerre en Irak. D'autres tombeaux très visités sont ceux de Colette (4ème division), constamment décoré avec des fleurs fraîches, celui d'Edith Piaf (97ème Division) et de l'actrice Sarah Bernhardt (44ème Division). Etonnament, le père du cinéma, George Méliès, est dans une construction négligée dans le 89ème division.

Il existe des tombeaux de personnes inconnues, mais qu'il faut visiter absolument. Par exemple, le journaliste Victor Noir est enterré dans le 92ème division. Il a été assassiné par un fanatique quelconque de Napoléon III. Jusque là, rien de bien sensationnel, sauf quand on remarque la bosse assez visible à travers son pantalon, qui est apparemment frotté par ces dames en recherche de fertilité et de chance dans l'amour, ce qui explique pourquoi la zone semble toujours aussi bien polie et brillante. Cependant, j'avoue que je n'ai pas trouvé la réponse pourquoi ses chaussures sont aussi si bien polies.

Dans le 86ème division, on peut voir le monument dédié au dresseur de lion Jean Pezon, qui chevauche le lion qui l'a mangé. Mais sûrement, le monument qui pour moi caractérise le mieux ce cimetière est la tour énorme qui surgit de la 48ème division. C'est facilement le plus grand monument des lieux, bien que après renseignement auprès du guide, le nom de la personne qui l'a construit s'est perdu dans la prospérité.

Parmi les considérations historiques, on peut s'arrêter au Mur des Fédérés, dans la 76ème division, là ou les derniers troupes de la Commune furent executés en 1871. Dans une démonstration très efficace et particulièrement ironique de l'Egalité (l'un des trois piliers de cette République Française), ils sont enterrés dans le même cimetière que l'homme qui a ordonné leur exécution, Adolphe Thiers.

Murs des Fédérés

Monument monumental de d'A. Thiers

 

La division 97

A l'extrémité du Mur des Fédérés, dans un coin assez calme du cimetière, se trouve la Division numéro 97. Ici se trouve les monuments dédiés aux victimes des atrocités des Nazis durant l'occupation de la deuxième guerre mondiale. Ils commémorent les victimes juifs des camps de concentration - Dachau, Buchenwald, Sashsenhausen, Auschwitz, Bergen-Belsen et Mauthausen sont tous ici, marqué par des monuments qui rappelle l'existence macabre de ces lieux. Ils sont recouverts de petits cailloux et galets, qui sont placés là pour s'assurer que les victimes de ces camps ne soient jamais oubliés.

Comme si cela n'était pas suffisant, il y aussi des monuments aux communistes et aux combattants de la résistance, des français qui se sont battus contre les nazis et qui ont été à leur tour envoyés dans les camps. Le plus choquant est peut-être le fait qu'ils ne sont pas des monuments commémoratifs abstraits, comme on le voie normalement dans ce pays, mais des monuments où la peur était vraiment réelle. L'expérience devient très amère pour certains monuments dédiés aux résistants, capturés et envoyés aux camps par leurs propres compatriotes, le gouvernement français de Vichy. C'est une expérience assez triste et très mouvante.

 

Fin Mars 2003

 

On remercie tout particulièrement :
Le guide qui a donné tout plein d'informations. C'était cool !!!
Le dépliant touristique, sans lequel je me serais perdu dans ce labyrinthe, et que vous pourrez trouver à 1.5 euro aux différentes entrées de l'endroit.


On remercie :
Le beau temps du printemps
findagrave.com pour les photos et les renseignements biographiques.
Les autorités qui permettent un accès libre et gratuit.
Sony Electronics ( je vous expliquerais peut-être dans un prochain article)

On ne remercie pas les deux personnes d'une école de Télécoms qui ne sont pas venus, le premier étant parti à Lyon et la deuxième avec laquelle j'ai été obligé de jongler avec les puces pour le téléphone portable, sans résultat d'ailleurs.

A dimanche prochain…