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Rencontre avec l'Africain Mkana Aujourd'hui, ce soir, à 18 heures, une des rues piétonnes principales d'Evry. La lumière jaune que diffuse les poteaux est blafarde, et le vent froid qui souffle nous rappelle que l'automne va bientôt arriver à terme. Je me promène d'un pas tranquille et serein, tandis qu'autour de moi les gens s'empressent. Ils luttent contre le vent, contre le froid, peut être aussi contre la nouvelle tristesse de ces lieux. Mais où-vont ils? certainement sur la route de leur destin, comme le répondrait un des mes amis poètes. Mais j'ai envie de les arrêter tous, de les appréhender, et de connaître leurs passions et surtout la petite chose qui leur ferait étinceler l'il Mais, me disez-vous, pourquoi voudrais-je faire cela ? Non, je vous rassure tout de suite, je ne suis pas du tout en manque d'amis.
Dans ma famille, on me disait toujours de sourire quand on rencontre un inconnu. Qui sait, peut-être, vous pourrez rencontrer votre ange un de ces jours. Tenez, pour illustrer cela, je vais vous parlez de Mkana le zaïrois. Deux jours auparavant, mais sur les mêmes lieux, circonstances et heures, je parcourais tranquillement la rue, quand j'entendis une voix chanter derrière moi. Il y avait de la mélodie, du rythme et surtout une puissance hors du commun. Je me retourne et je vois un africain vêtu d'un long pardessus noir. Il marchait allègrement tout en continuant avec sa chanson, aux rythmes dansants de la rumba. Bon, mon petit doigt me dit que cela pourrait être intéressant. Hop je l'aborde, un large sourire, et je lui parle de la musique, de tout ce que ça peut apporter, et je lui demande quelle langue il parle est-ce que ça l'intéresse ? ah oui, ça l'intéresse Il s'appelle Mkana et se dit être originaire de la R.D.C.. Je lui parle alors de Koffi Olomidé, de Zaiko Langa Langa et d'autres groupes que je connais. A partir de là, ce chanteur de la rue m'appelle " mon frère, tu vois, je chante de la salsa, rumba, de la musique afro-cubaine, un peu de soul mais surtout de la musique africaine, quoi " Il poursuit en disant qu'il doit aller prendre un " truc "
juste à côté. " Allons-y quoi
"
- Ouais. C'est bon, ça craint rien, ... c'est comme tu veux. Je me lance. Advienne que pourra. Pêle - mêle, je me trouve confronté alors à deux gars pas nets à gauche, un gars qui me lance des éclairs des yeux à droite, des mains serrées par ci par la, des odeurs de shit et d'alcool. Ils doivent être des dealers, ou alors des gens vraiment spéciaux pour rester debouts tous seuls la nuit tombée, et comme ça sous la pluie. On ne s'attarde pas longtemps, et Mkana m'entraîne dans une ruelle encore plus " underground ". On entre alors dans un sordide salon de coiffure africain. Au centre, une grosse mama africaine, dont le sérieux de ce site m'interdit de donner le poids, tresse les cheveux crêpus d'une cliente. Une mauvaise chaîne hi-fi chinoise sur laquelle est empilée des CD de musique zaïroise crache les nouvelles de la radio RFI, tandis qu'on observe dans le désordre des cheveux par terre, des sacs en plastique, et des produits de beauté venant des Etats-Unis. A ma gauche, vêtu d'un pantalon à la zaïroise, et d'une chemise venant tout droit de Kinshasa, se trouve un homme qui doit être le manager, avec lequel on discute cinq minutes. On prend alors des paquets, le manager ne dit rien, ce doit être encore un cousin.
Mkana dit alors travailler comme designer et créateur d'une ligne de vêtements. Il a déjà le logo et a commencé à créer une entreprise, " children ghetto "... On entre alors dans une boutique d'un tailleur africain. Sur 12m², trois personnes et un bébé s'occupent de vendre des costumes mais aussi des tee-shirts à la mode, et des chemises tout en couleurs fluos venus directement de la côte Est des Etats-Unis. Un homme me salue avec la main puis porte la main droite à sa poitirine. Je fais de même. Oui, moi aussi, je te porte dans mon cur. Ils rigolent ensuite avec de grands éclats de rire quand le tailleur commence à parler de sa journée, le tout avec un certain naturel et une facilité assez fascinante. Mkana commence alors à discuter de Tee-Shirts. " Tu vois quoi, moi j'ai les contacts, oui , je connais les gens qui peuvent fabriquer des tee-shirts, à Porte de Clignancourt, ou du côté de sentier là , et même sur Saint Denis ". Et c'est tout un réseau qui se dévoile devant moi. On finit la discussion, et Mkana lui demande ce qu'il fait demain. " ouiais, ce sera tranquille, quoi demain. C'est avec des copains, on va aller à barbès, puis on va bouffer, prendre un truc bien, histoire de bien manger, tu vois. ", ponctuée d'un "pas de problèmes, mon frère ". On sort, dix mètres plus tard, je ressors sur la rue principale, et le vent froid me rappelle que je suis bien revenu en France. Je regarde derrière moi, on entent la musique. J'annonce alors à Mkana que c'est ici que nos chemins se séparent, et il finit par me donner ses coordonnées. Je dis alors au revoir à Mkana, ben c'était pas trop sérieux tout ca, mais quelle chaleur humaine quand meme !!!
Fin-Octobre 2002 |
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