Catégorie : Rencontres

Un jour à la préfecture

Si vous vivez en France, vous savez de quoi je parle. Si vous visitez seulement la France, vous serez amusé. Ne me méprenez pas, j'adore vivre en France. Mais c'est la petite chose qui me " turlupine "… quand vous comprenez comment quelque chose marche, vous arrivez même à aimer quelque chose que vous détester… Comme renouveler votre carte de séjour.

Une petite carte verte

Ma carte de séjour annuelle finissaiUne carte de séjour étudiantt Novembre dernier et à ce moment là, cela me prit seulement 4 heures pour déposer ma demande de renouvellement dans la préfecture d'Evry dans une file d'attente. Ce n'est pas mal comme délai, en considérant que je suis depuis plus de trois ans en France et que je refais tous les ans la même procédure. S'ils avaient quelque chose de suspect contre moi, cela aurait été découvert depuis longtemps.

Pour finir ma très longue histoire avec l'administration française, j'ai été convoqué récemment pour retirer ma carte de séjour, que l'on me mettra sur mon passeport. C'est absolument normal de perdre deux heures dans une file d'attente devant un guichet "Accueil" juste pour alerter le fonctionnaire planté derrière le verre en plexiglas qu'on est là pour retirer le petit papier vert charmant. J'ai toujours pensé que le mot Accueil était le mot le plus pervers dans la langue française, et surtout dans ce cas. Quand vous voyez un panneau de ce type avec un employé derrière, vous êtes pratiquement de perdre beaucoup plus de temps et que vous serez insulté de la manière la plus hautaLa préfecture de la régionine. Souvenez-vous, la personne en face de vous a le pouvoir de vous faire perdre une quantité énorme de votre temps, et avez seulement le pouvoir de dire " oui madame, excusez-moi madame ". C'est une bonne idée de parler directement du problème considéré ou vous allez souffrir. L'étranger n'a pas grand-chose à dire ou redire

Tenez par exemple, j'avais devant moi un anglo-saxon, certainement un américain qui avait le reflexe culturel de vouloir parler au " supervisor ", ou à n'importe quel responsable. Personnellement, il devrait déjà penser à faire ses bagages et partir chez lui : il avait la mauvaise manière de penser. Il n'y a pas de place pour lui dans ce pays.

Ensuite, cela prend deux heures à un fonctionnaire de niveau 2 qui n'est pas en vacances ou en grève de trouver votre dossier, pendant que vous attendez comme un idiot en face d'une série de guichets marqué " M ", " N ", " O ", " P ". On peut remarquer d'ailleurs que la vie en France nécessite que vous prononciez 4 fois par semaine le mot " dossier ". Et non, cela ne veut pas dire que vous avez des antécédents policiers ou judiciaires, quoique chacun doit avoir un dossier à la police. La salle d'embarquementLes fenêtres M et O étaient fermées et l'employé du O était parti manger. Il restait donc celui du P pour moi et une population entière d'immigrés.

Comme à l'aéroport, mais l'ambiance en moins

J'adore ces scènes de salle d'attente parce qu'on a tous l'impression d'être à l'aéroport international, attendant l'embarquement final. A la seule différence bien sûr que l'excitation n'est plus là et qu'on lit plutôt une certaine forme d'exaspération sur les visages. Enfin, cela a l'avantage de réviser ma géographie du monde : Algérie, Iran, Bangladesh, Sénégal, Yougoslavie, Algérie encore, Maroc, Pékin ...tiens c'est rare..., Pologne derrière, Algérie, Côte d'Ivoire. Et je rencontre aussi beaucoup de bébés bruyants et de gars frustrés qui perdent leurs salaires bêtement en regardant leurs chaussures. Ceci est une expérience qui vous unit avec l'humanité que toute personne bien - pensante devrait accueillir.

Essayons donc de nouer le dialogue.

Le voisin du gauche est américain et travaille depuis pas mal de temps en France. C'est le même que tout à l'heure, et il est là depuis deux heures. Il adore la France mais là, il ne sait plus quoi penser parce qu'il a attendu pendant une heure, l'employé ayant oublié de marquer sur le carton de convocation qu'un timbre fiscal de 49 euros était nécessaire. Quant vint son tour, le chapeau en main, il s'approcha du frontière de plexiglas.

" Où est votre timbre fiscale, monsieur ? "
" Hmm, J'ai suivi ce qui était marqué, vous n'en avez pas demandé un. Regardez, justement, la case n'est pas cochée… " Définitivement la mauvaise réponse.
" Americans pay !!! " L'employé lui alors demandé d'aller au TABAC du centre commercial du coin pour en acheter un. Bien sûr, le prix avait déjà grimpé à 55 euros. Et il pleuvait.
" Revenez avec le timbre " C'est un peu comme si on était ordonné par le magicien d'Oz d'aller chercher les pantoufles de la sorcière.

A la recherche d'un timbre perdu

Je lui conseillai de ne pas se décourager dans ces moments : ceci est la société civilisé en marche. Il faut se retourner et courir au magasin de Tabac local. L'américain n'était pas finalement au bout de ses aventures, puisque revenu une demi-heure plus tard, il avait entre une mine hilare et exaspéré. En effet, quoi de plus humiliant que de devoir demander aux piétons le chemin pour le tabac le plus proche, lui, le Monsieur Anti-Smoking parmi tous, et ensuite d'avoir des âmes charitables qu'il détestait commencant à chercher leur paquet de Marlboro pour un don spontané d'une dose de nicotine. Une petite et vieille Roumanienne fripée lui indique la bonne direction mais voulut après lire sur ses mains. " Une grande opportunité s'offre à vous dans 40 jours ", prophécea-t-elle. Il paya ses cinquante dollars de timbre gouvernemental au tabac et courut rejoindre le bâtiment du préfecture, en s'arrêtant un petit moment à McDonald. Peut-être pour se remettre les idées en place, pour se rassurer ou pour acheter un brownie pour un fonctionnaire dans le cas où il aurait besoin d'un pot-de-vin symbolique pour gagner leur sympathie. Que sais-je. En tout cas, il faut se souvenir de la roumanienne qui lui bondit dessus en criant qu'il y avait deux femmes jalouses dans sa vie : elle voulait un euro pour obtenir des détails. Je ne sais plus trop ce qu'il a fait, mais que d'épisodes quand même.

Fin de l'histoire

Une heure plus tard, il eut sa carte. Et moi la mienne. Heureusement que j'avais apporté tout mon dossier, c'est-à-dire une quarantaine de feuilles volantes. Cela va du petit nom de mon parrain à la note de gymnastique que vous avez eu à l'examen quand j'avais 17 ans. En tout cas, maintenant, je suis libre d'être contrôlé ou harcelé comme n'importe quel étranger respectueux de la loi.

 

 

Début Mars 2002